Règles essentielles
À la grammaire traditionnelle avec ses définitions et méthodes d'analyse, vient se superposer la nouvelle grammaire qui apporte à son tour un nouveau vocabulaire et une approche différente de l'analyse grammaticale des compléments.
Important, à lire :
En règle générale, une phrase est constituée de plusieurs mots organisés d'une certaine façon. L'ensemble doit respecter les règles essentielles de la syntaxe (étude de la construction grammaticale), de l'emploi et de l'accord des mots dans les phrases.
Les nouveaux termes de grammaire et les règles concernant l'analyse
des compléments doivent être sérieusement abordés
et ensuite appliqués.
Faire l'analyse grammaticale d'une phrase, faut-il le rappeler,
c'est reconnaître les différents constituants grammaticaux qui
la composent, et ensuite définir leur fonction pour rechercher et découvrir
les relations qui en découlent.
Pour y parvenir, les grammairiens ont cherché la meilleure méthode, et à partir de 1970 des études ont conduit à ce qu'on appelle souvent "La nouvelle grammaire". Son but : mieux différencier les compléments essentiels au verbe de ceux qui ne font que compléter la phrase mais ne sont pas essentiels.
Avant de choisir, on va parcourir sommairement les diverses méthodes d'analyse des compléments.
§A10 / a - Anciens termes de grammaire (avant 1970)
Suivant l'enseignement général reçu et l'utilisation des livres traditionnels de grammaire, on a utilisé la méthode suivante :
a1 - Avant 1970, on parle de complément d'objet direct
(COD) ou de complément d'objet indirect (COI), de complément
d'attribution, de complément d'agent.
a2 - On parle aussi du complément circonstanciel (CC) qui pour sa part n'est pas jugé indispensable au verbe. Le supprimer, le déplacer ou attacher de nouveaux compléments circonstanciels laisse la phrase grammaticalement correcte. On ne peut pas le remplacer par un pronom :
** Supprimé : il part en voiture tous les jours > il part en voiture.
** Déplacé : tous les jours > il part en voiture.
** Complété : il part tous les jours en voiture, à huit heures.
En se rattachant au verbe, le CC apporte une précision sur les circonstances (lieu, temps, manière, but, cause, origine...) dans lesquelles sest déroulée laction.
Noter : toutefois sa suppression entraîne
automatiquement une perte d'information qui peut aller jusqu'à un changement
de sens de la phrase :
- Mon mari joue avec les enfants dans le salon.
(La description est complète).
- Mon mari joue avec les enfants.
(La perte d'information porte sur le lieu du jeu).
- Mon mari joue. (Ici tout laisse supposer
que le mari est un joueur, et le sens de la phrase est négatif à
son égard).
- Mon voisin a changé de voiture. (Il
a remplacé sa voiture).
- Mon voisin a changé. (Changé d'humeur,
de tempérament).
§A10 / b - Nouveaux termes de grammaire (après 1970)
Après 1970, de nouveaux termes sont diffusés dans certaines grammaires :
b1 - Les compléments essentiels ainsi appelés sont : le COD et le COI, le complément d'agent passif et les compléments adverbiaux.
1°) quand leur construction dépend du verbe (avec ou
sans préposition) :
- Je mange du pain. ("du pain" est un
complément essentiel au sens de cette phrase simple).
2°) quand le verbe ne peut se constituer sans le prédicat
(référence page 161 de la grammaire :
- Roméo envoie un colis à sa fiancée.
- On trouve le groupe nominal qui est le sujet (Roméo) et le groupe
verbal (envoie un colis à sa fiancée) qui s'appelle le
prédicat. Dire ou écrire "Roméo envoie"
> serait grammaticalement incorrect.
b2 - Les compléments non essentiels font référence à tous les autres compléments et en particulier au complément circonstanciel (qui conserve son nom traditionnel, mais avec des approches différentes). Ce dernier qui apporte une information de lieu, temps, manière, cause, origine, but... est toutefois analysé comme essentiel ou non suivant le sens et la construction de la phrase.
À partir de cette nouvelle méthode, un deuxième classement vient se greffer :
c1 - Le complément de verbe, reprend la notion de complément
essentiel (indispensable) à la construction de la phrase, et on y retrouve
le COD, le COI, le COS mais aussi certains compléments circonstanciels
que l'on ne peut déplacer ou supprimer :
- Il va / à Paris. (Manifestement, le complément
circonstanciel "à Paris" est indispensable et le supprimer
laisserait la phrase suivante > "il va" grammaticalement incorrect
et qui n'aurait plus aucun sens).
c2 - Le complément de phrase reprend la notion de complément
non essentiel (non indispensable) à la construction de la phrase, et
comprend les compléments circonstanciels, (à l'exception
de ceux que l'on ne peut déplacer ni supprimer, cités en
c1) :
- Il part en voiture / tous les jours. ("tous
les jours" peut être supprimé, et la phrase > "il
part en voiture" reste grammaticalement correcte).
En savoir plus
§A10 / c - Remarques et choix
Attention : une phrase qui est "grammaticalement
correcte" peut cependant ne pas apporter beaucoup d'information sur
le sens réel du discours. Cette expression sert uniquement à
préciser que la tournure de la phrase est correcte :
- Il a aperçu la voiture.
- Il a aperçu la voiture du voisin. C'est
aussi une phrase grammaticalement correcte, mais qui renferme et apporte à
l'auditeur ou au lecteur une information importante, à savoir que la
voiture appartient au voisin.
Ne pas confondre avec :
- Il a aperçu. Est "grammaticalement
incorrect" > manque un complément.
Pour "grammaticalement incorrect", on peut aussi rencontrer le terme "phrase agrammaticale".
Le choix : sachant que...
On doit adopter une des méthodes décrites ci-dessus sans les "panacher", et comme la compréhension de ce chapitre sur les compléments est essentielle, on doit rester limpide.
Il est délicat de renier l'enseignement traditionnel (a1 + a2), et il est prématuré d'adopter la méthode (c1 + c2) qui est de conception récente et ne fait pas l'unanimité parmi les grammairiens.
On va donc poursuivre l'étude des compléments
sur la base
de la méthode intermédiaire b1 + b2.