Paroles de Eugene Pottier (Paris 1871)
Musique de Pierre Degeyter (1888)
I
Debout ! les damnés de la terre,
Debout ! les forçats de la faim.
La raison tonne en son cratère
C'est l'éruption de la fin.
Du passé, faisons table rase,
Foule esclave, debout ! debout !
Le monde va changer de base
Nous ne sommes rien, soyons tout !
Refrain
C'est la lutte finale
Groupons nous et demain,
L'Internationale
sera le genre humain.
II
Il n'est pas de sauveurs suprêmes
Ni Dieu, ni César, ni tribun ;
Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes !
Décrétons le salut commun !
Pour que le voleur rende gorge,
Pour tirer l'esprit du cachot,
Soufflons nous-mêmes notre forge,
Battons le fer quand il est chaud !
III
Hideux dans leur apothéose,
Les Rois de la mine et du rail
Ont-ils jamais fait autre chose
Que dévaliser le travail ?
Dans les coffres-forts de la bande,
Ce qu'il a créé s'est fondu ;
En décrétant qu'on le lui rende,
Le peuple ne veut que son dû.
IV
L'Etat comprime et la loi triche,
L'impôt saigne le malheureux ;
Nul devoir ne s'impose au riche,
Le droit du pauvre est un mot creux
C'est assez languir en tutelle,
L'Egalité veut d'autres lois :
« Pas de droits sans devoir, dit-elle
Egaux, pas de devoirs sans droits »
V
Les Rois nous saoulaient de fumées,
Paix entre nous, guerre aux tyrans !
Appliquons la grève aux armées,
Crosse en l'air et rompons les rangs !
S'ils s'obstinent, ces cannibales,
A faire de nous des héros,
Ils sauront bientôt que nos balles
Sont pour nos propres généraux.
VI
Ouvriers, paysans, nous sommes
Le grand parti des travailleurs ;
La terre n'appartient qu'aux hommes,
L'oisif ira loger ailleurs.
Combien de nos chairs se repaissent ?
Mais si les corbeaux, les vautours
Un de ces matins disparaissent,
Le soleil brillera toujours !
Un journal anarchiste
publie en avril 1892 une version
avec ce nouveau couplet et refarin.
L'État comprime et la loi triche;
L'Impôt saigne le malheureux;
Nul devoir ne s'impose au riche;
Le droit du pauvre est un mot creux.
C'est assez languir en tutelle,
L'Égalité n'a pas de lois;
"Je n'en reconnais plus," dit-elle,
"Égaux, nous n'avons que des droits!"
refrain
Fiers compagnons, c'est la lutte finale;
En liberté, groupons-nous et demain,
N'ayons qu'un but: l'Internationale
Pour affranchir, enfin, le genre humain.